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Sarah Biasini : « Demain, la vérité nous sautera aux yeux »

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Avant de reprendre le rôle de « Mademoiselle Julie » au festival d’Avignon, la fille de Romy Schneider nous incite à porter des lunettes extra-sensorielles, les « Véri-Verres », qui révéleront instantanément les émotions de notre entourage, telle une « réalité augmentée adaptée aux relations sociales ». Vu ?


Elle a joué Feydeau, Sweig, Shakespeare. Du 7 au 30 juillet au festival d’Avignon, Sarah Biasini reprendra le rôle de Mademoiselle Julie, tragédie en cuisine du Suédois August Strinberg (1889) sur la lutte des classes et les jeux de pouvoir et de séduction entre trois personnages à la veille de la nuit de la Saint-Jean, mise en scène par Christophe Lidon avec Déborah Grall et Yannis Baraban. À 42 ans, cette native de Ramatuelle a fait ses preuves en tant que comédienne, mais les gens ne lui parlent que de sa mère (y compris à la maternité, en devenant mère à son tour, pendant l’accouchement, entre deux contractions), à laquelle elle ressemble certes beaucoup et qu’elle évoqua, en tout début d’année, dans un livre : La Beauté du ciel, aux éditions Stock. « Si j’écrivais ici le nom de ma mère, j’aurais l’impression de parler de quelqu’un d’autre, d’une étrangère. Son nom d’actrice, de travail, ne lui appartient presque plus et j’ai l’impression qu’à moi, il n’a jamais appartenu (…) L’appeler ma mère, il n’y rien de plus beau. Personne à part moi ne peut le faire. Je ne vais pas m’en priver (…) Personne ne veut oublier ma mère, à part moi. Tout le monde veut y penser, sauf moi. Personne ne pleurera autant que moi si je me mets à y penser. »


Dans l’impressionnante filmographie de Romy Schneider, Sarah Biasini voit et revoit, « entre peur, gêne et fascination », La Piscine (Jacques Deray, 1969), César et Rosalie (Sautet, 1972), Le vieux fusil (Robert Enrico, 1975) ou Une histoire simple (Sautet, 1978). Elle adore aussi son sens du tempo dans la comédie d’espionnage What’s New Pussycat ? (Clive Donner, 1965). Et dans Les Choses de la vie (Claude Sautet, 1970), une scène apparemment anodine retient son attention. Romy interprète Hélène qui, devant sa machine à écrire, au petit matin, ne sait plus comment traduire de l’allemand le mot « mentir ou, non, pas mentir ; tu sais, quand on invente des histoires ? » Et Michel Piccoli, en peignoir, clope au bec, répond : « Affabuler. »


C’est peut-être de là, de ce bref moment d’intimité de l’Histoire du cinéma, qu’est venue à Sarah l’idée des « Véri-Verres », des lunettes spéciales, « bioniques, extra-sensorielles », qui révèlent instantanément les émotions authentiques de notre entourage. « Une petite machine sensible, intelligente, qui nous aiderait à VOIR les gens AUTREMENT. La réalité augmentée adaptée aux relations sociales. Pour que la vérité nous saute aux yeux. »


Réalisation : Mathieu Boudon.


Mademoiselle Julie, du 7 au 30 juillet au Théâtre des Halles, chaque jour à 16h30, 4 rue Noël Biret, Avignon.


Image : Invasion Los Angeles, de John Carpenter (1988).

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Elle a joué Feydeau, Sweig, Shakespeare. Du 7 au 30 juillet au festival d’Avignon, Sarah Biasini reprendra le rôle de Mademoiselle Julie, tragédie en cuisine du Suédois August Strinberg (1889) sur la lutte des classes et les jeux de pouvoir et de séduction entre trois personnages à la veille de la nuit de la Saint-Jean, mise en scène par Christophe Lidon avec Déborah Grall et Yannis Baraban. À 42 ans, cette native de Ramatuelle a fait ses preuves en tant que comédienne, mais les gens ne lui parlent que de sa mère (y compris à la maternité, en devenant mère à son tour, pendant l’accouchement, entre deux contractions), à laquelle elle ressemble certes beaucoup et qu’elle évoqua, en tout début d’année, dans un livre : La Beauté du ciel, aux éditions Stock. « Si j’écrivais ici le nom de ma mère, j’aurais l’impression de parler de quelqu’un d’autre, d’une étrangère. Son nom d’actrice, de travail, ne lui appartient presque plus et j’ai l’impression qu’à moi, il n’a jamais appartenu (…) L’appeler ma mère, il n’y rien de plus beau. Personne à part moi ne peut le faire. Je ne vais pas m’en priver (…) Personne ne veut oublier ma mère, à part moi. Tout le monde veut y penser, sauf moi. Personne ne pleurera autant que moi si je me mets à y penser. »


Dans l’impressionnante filmographie de Romy Schneider, Sarah Biasini voit et revoit, « entre peur, gêne et fascination », La Piscine (Jacques Deray, 1969), César et Rosalie (Sautet, 1972), Le vieux fusil (Robert Enrico, 1975) ou Une histoire simple (Sautet, 1978). Elle adore aussi son sens du tempo dans la comédie d’espionnage What’s New Pussycat ? (Clive Donner, 1965). Et dans Les Choses de la vie (Claude Sautet, 1970), une scène apparemment anodine retient son attention. Romy interprète Hélène qui, devant sa machine à écrire, au petit matin, ne sait plus comment traduire de l’allemand le mot « mentir ou, non, pas mentir ; tu sais, quand on invente des histoires ? » Et Michel Piccoli, en peignoir, clope au bec, répond : « Affabuler. »


C’est peut-être de là, de ce bref moment d’intimité de l’Histoire du cinéma, qu’est venue à Sarah l’idée des « Véri-Verres », des lunettes spéciales, « bioniques, extra-sensorielles », qui révèlent instantanément les émotions authentiques de notre entourage. « Une petite machine sensible, intelligente, qui nous aiderait à VOIR les gens AUTREMENT. La réalité augmentée adaptée aux relations sociales. Pour que la vérité nous saute aux yeux. »


Réalisation : Mathieu Boudon.


Mademoiselle Julie, du 7 au 30 juillet au Théâtre des Halles, chaque jour à 16h30, 4 rue Noël Biret, Avignon.


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